#33 Il suffit d'un rien

Bonjour, bonsoir...Il n'est que 16h43 (précise !) et je ne sais plus si je dois dire bonjour ou bonsoir avec cette nuit qui tombe si vite.

Bref.

Aujourd'hui est un jour SANS.

Sans amour.

Sans but.

Sans rien.

J'ai l'impression de porter le poids du monde sur mes épaules. Je passe de plus en plus de temps chez le père de mon fils, quelque part contre mon gré, mais c'est à sa demande. Il est malade, il en mourra, peut-être l'année prochaine...alors ma conscience me dicte d'y aller.

J'y vais, mon fils est content, son père aussi, moi aussi un peu mais il y a cette épée au-dessus de sa tête qui rend les choses plus compliquées à gérer. Trop d'émotions à contenir.

Lui, il aimerait me reconquérir. Il cuisine pour moi, me demande de rester dormir, me dit des mots tendres...

Moi, je ne l'aime plus après tout ce qu'il s'est passé avant. Ces 4 ans de calvaire, de silence et d'agressivité. Je ne peux pas les oublier. Mais je reste calme et lui dis les choses. Il sait qu'il ne doit pas se faire d'illusions, mais il essaye encore et encore et toujours....Contre mon gré. Et les moments deviennent lourds. Je me demande bien ce que je fais ici, chez lui, sur ce canapé avec lui contre moi qui me tient dans ses bras...Qu'est-ce que je suis en train de faire ???

Simple. Je soulage ma conscience. Je leur apporte ce qu'ils veulent, comme je l'ai toujours fait, en me disant que je leur dois bien ça.

Cette semaine je n'ai pas mon fils, et c'est simple, je n'ai pas eu 1 seule soirée pour moi. Il m'appelle pour venir et insiste pour que je reste. 

Oui ma conscience, oui.

Mais le problème...j'étouffe !!! J'ai la sensation de me sacrifier, d'être quelqu'un que je ne suis pas, d'être revenue dans cette vie de couple merdique où je n'étais plus que l'ombre de moi-même. D'ailleurs mon corps parle pour moi. Des boutons ont surgi sur mon visage. Mes cheveux sont en bataille, j'ai le teint terne, et vu l'état de ma pilosité, je dirais que mon corps n'a pas vu l'ombre d'un rasoir ou d'une bande de cire depuis environ 3 semaines.

Mon évier est sans cesse plein, mon lit n'est plus fait le matin, les cheveux s'accumulent dans la douche et la poubelle déborde. 

Oui...je ne suis pas bien. Je ne me sens pas bien. Il me manque une étincelle, un but, un je-ne-sais-quoi pour rayonner.

Parfois il suffit de tellement peu pour retrouver le sourire.

Aujourd'hui par exemple, une collègue dont je suis très proche et qui vit exactement les mêmes choses que moi (même si elle a 15 ans de +), m'a attendue à la débauche. Nous avons parlé pendant plus d'1 heure. De moi, d'elle.

-Tu sais Julie, chaque jour est différent, aujourd'hui tu es en bas, et demain tu seras en haut, ou au milieu. Mais je te connais car nous sommes pareilles. Tu remontes aussi vite que tu descends...et inversement. On fonctionne à l'émotion. Saches que je suis là pour toi mon petit Gémeaux, et un jour, lorsque nous aurons trouvé notre étincelle on ira fêter ça dignement ensemble !

Ca fait du bien. Je suis rentrée chez moi avec la sensation d'être appréciée, et aimée même ! J'ai retrouvé un demi sourire.

Et puis je suis allée à la papeterie pour m'acheter le 750g...Une papet' que je ne connaissais pas car je n'y avais jamais mis les pieds. Je cherche mon livre, la vendeuse me dit qu'ils ne l'ont pas reçu. Et là son mari arrive et commence à plaisanter avec moi comme si nous nous connaissions depuis 10 ans !

Pour moi, dans l'esprit et le physique dans lequel je me trouve aujourd'hui, il était plus qu'improbable que des personnes veuillent bien m'adresser la parole, et encore moins plaisanter avec moi. 

Pourtant ils l'ont fait. Ca n'a l'air de rien, mais je suis sortie de là avec un grand sourire jusqu'aux yeux. 

Finalement, il suffit d'un rien...